Vous souhaitez consommer moins de sucre pour perdre du poids ? Évitez les édulcorants artificiels, prévient l'OMS

Fuente del artículo: femina / image: iStock/Rocky89 / Par: ALEXANDRA BRESSON

N’utilisez pas de substituts du sucre si vous essayez de perdre du poids ou réduire le risque de maladies non transmissibles, recommande l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU dans une nouvelle ligne directrice sur les édulcorants. Leur innocuité est régulièrement et récemment – remise en question par des études.

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Aspartame, extraits de stévia, sucralose, acésulfame K… sous l’appellation « édulcorants » sont regroupées des substances très diverses, extraites de végétaux ou obtenues par synthèse chimique qui servent à donner une saveur sucrée aux denrées alimentaires ou qui sont utilisés comme édulcorants de table. Contenant très peu ou pas de calories, ils sont utilisés entre autres dans l’industrie alimentaire en alternative aux sucres dans certains produits au regard de leur pouvoir sucrant plusieurs dizaines à plusieurs milliers de fois supérieur à celui du saccharose. La consommation d’édulcorants intenses a connu une forte augmentation au cours des vingt dernières années, probablement en lien avec les préoccupations liées au doublement de la prévalence du surpoids et de l’obésité. De nombreux aliments et boissons (sodas light, yaourts, sucrettes…) en contenant sont ainsi consommés quotidiennement par des millions de personnes. Mais attention : selon les nouvelles recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’utilisation d’édulcorants tels que le sucralose et la stévia pourrait être plus néfaste que bénéfique.

Cette recommandation se fonde sur les résultats d’une étude systématique des données disponibles, qui suggère que l’utilisation d’édulcorants ne confère aucun avantage à long terme en matière de réduction de la masse grasse chez les adultes et les enfants. L’étude indique également que l’utilisation à long terme de substituts du sucre pourrait avoir des « effets indésirables potentiels », tels qu’un risque accru de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et de mortalité chez les adultes. « Remplacer les sucres libres par des édulcorants n’aide pas à contrôler le poids à long terme. Les gens doivent envisager d’autres moyens de réduire la consommation de sucres libres, comme la consommation d’aliments contenant des sucres naturels, tels que les fruits, ou d’aliments et de boissons non sucrés.», affirme Francesco Branca, Directeur du département Nutrition et sécurité sanitaire des aliments à l’OMS. « Les sucres naturels ne sont pas des facteurs alimentaires essentiels et n’ont pas de valeur nutritionnelle. Les gens devraient réduire complètement le goût sucré de leur alimentation, dès le plus jeune âge, pour améliorer leur santé ».

Recommandation à toutes les personnes, à l’exception des diabétiques

L’organisation précise que sa recommandation, basée sur la synthèse de 283 études, s’applique à toutes les personnes, à l’exception de celles qui souffrent d’un diabète préexistant. En outre, celle-ci inclut tous les édulcorants non nutritifs synthétiques et naturels ou modifiés qui ne sont pas classés comme sucres dans les aliments et boissons manufacturés, ou vendus seuls pour être ajoutés aux aliments et aux boissons par les consommateurs. Selon l’OMS, les édulcorants les plus courants sont l’acésulfame K, l’aspartame, l’advantame, les cyclamates, le néotame, la saccharine, le sucralose, la stévia et les dérivés de la stévia. A noter toutefois que son avis ne s’applique pas aux produits d’hygiène et de soins personnels contenant des édulcorants, tels que les dentifrices, les crèmes pour la peau et les médicaments, ni aux sucres hypocaloriques et aux alcools de sucre (polyols), qui sont des sucres ou des dérivés de sucre contenant des calories. Il s’avère toutefois que recommandation est « conditionnelle » parce que cette conclusion pourrait être troublé par des schémas complexes d’utilisation des édulcorants et par les caractéristiques des participants à aux études.

Ce constat a son importance puisque selon l’Organisation Mondiale de la Santé « cela signifie que les décisions politiques basées sur cette recommandation pourraient nécessiter des discussions approfondies dans des contextes nationaux spécifiques, liées par exemple à l’ampleur de la consommation dans différents groupes d’âge. » L’agence a publié des lignes directrices sur la consommation de sucre en 2015, recommandant aux adultes et aux enfants de réduire leur consommation quotidienne de sucres libres à moins de 10% de leur apport énergétique total. Il s’avère que, paradoxalement, l’intérêt pour les alternatives au sucre s’est intensifié à la suite de cette recommandation, conclut cette nouvelle étude. Pour rappel, les édulcorants intenses sont autorisés en Europe dans l’alimentation humaine en tant qu’additifs alimentaires, après évaluation par l’Autorité européenne de sécurité des aliments). Leur utilisation est encadrée par le règlement (CE) n°1333/2008 sur les additifs alimentaires, sachant que ces produits sont souvent utilisés en association, afin d’obtenir dans un produit alimentaire le goût souhaité.

Pas d’intérêt pour le contrôle du poids selon plusieurs agences sanitaires françaises

Tous les additifs alimentaires doivent figurer dans la liste des ingrédients figurant sur l’étiquetage des produits, qui doit mentionner aussi bien la fonction de l’additif dans le produit fini, à savoir édulcorant, que la substance spécifique utilisée, en se référant soit au numéro « E » correspondant, soit à son nom, par exemple, E 951 pour « aspartame ». Cependant, l’innocuité des édulcorants artificiels fait l’objet de débats et les données restent contrastées quant à leur rôle dans l’apparition de diverses maladies. Deux études récentes de l’Inserm publiées en 2022 ont par exemple observé une association entre la consommation d’édulcorants et un risque accru de cancer (tous types de cancers confondus) et de maladies cardiovasculaires. Concernant leur intérêt pour le contrôle du poids, une étude de l’Inrae* réalisée sur l’animal a révélé en 2019 que les édulcorants intenses ne seraient pas associés à une perte ni à une stabilisation du poids… Au contraire. L’équipe scientifique s’est particulièrement intéressée au mélange acésulfame potassium (K)-sucralose que l’on retrouve dans près de 90 % des boissons « light ».

Les chercheurs ont testé chez l’animal les effets métaboliques du mélange acésulfame K - sucralose. Grâce à de l’imagerie nucléaire quantitative, ils ont pu analyser la consommation de glucose et la sensibilité à l’insuline, et ce au niveau d’organes distincts. En effet, chaque organe participe à la sensibilité à l’insuline de l’organisme au prorata de deux paramètres : d’une part, son avidité pour le glucose et d’autre part, sa masse pondérale. Les résultats ont révélé par la suite que « la consommation sur le long terme d’un mélange d’édulcorants à une dose équivalente à celle absorbée quotidiennement par certaines personnes, conduit à des modifications profondes et indésirables du métabolisme du glucose, notamment au niveau cérébral. (…) Les phénomènes observés sont les mêmes que ceux qui surviennent au cours de la prise pondérale chez l’obèse. » Le constat est le même pour l’ANSES** qui s’est autosaisie sur la question des bénéfices et des risques nutritionnels des édulcorants intenses en 2011, à la suite de la publication de deux études portant sur d’éventuels effets sanitaires liés notamment à la consommation d’aspartame.

« Les édulcorants ne sont pas des solutions miracles

Dans son rapport du 9 janvier 2015, l’Anses conclut que concernant les bénéfices nutritionnels, « les études ne permettent pas de prouver que la consommation d’édulcorants en substitution aux sucres présente un intérêt sur le contrôle du poids, de la glycémie chez le sujet diabétique ou sur l’incidence du diabète de type 2. » En outre, concernant les risques nutritionnels, « les données ne permettent pas d’établir un lien entre la survenue de risque (diabète type 2, habituation au goût sucré, cancers…) et la consommation d’édulcorants. » L’agence souligne par ailleurs que les données épidémiologiques ne permettent pas d’écarter complètement certains risques en cas de consommation d’édulcorants intenses régulière et prolongée. Elle estime donc que les éléments scientifiques ne permettent pas d’encourager la substitution systématique des sucres par des édulcorants intenses et que l’objectif de réduction des apports en sucres doit être atteint par la réduction globale du goût sucré de l’alimentation. Et préconise en guise de conclusions que les boissons sucrées et édulcorées ne doivent pas se substituer à la consommation d’eau.

Le Centre de l’Obésité et du Surpoids Grenoble-Sud met également en garde sur ce sujet, et précise que « les édulcorants ne sont pas des solutions miracles et ne peuvent à eux seuls être la raison d’une perte de poids. » Selon ses experts, une perte de poids durable s’effectue dans le cadre d’un programme d’amincissement global, complet et personnalisé. Ces derniers précisent en outre que les édulcorants sont aussi des additifs, autrement dits ils n'apportent pas strictement au niveau nutritionnel, et que leur présence dans la composition des produits est même parfois inutile. Mais bonne nouvelle : se désintoxiquer du sucre est possible selon eux. Comment ? En prenant le temps de cuisiner, en sucrant de moins en moins son café ou son thé et en privilégiant les aliments bruts, frais et non transformés. Pour cela, il existe des alternatives au sucre et aux faux sucres que sont le miel (à consommer avec modération chez les diabétiques et à préférer artisanal), le sucre de coco (riche en antioxydants et en vitamines B1, B2, B3 et B6) et le sirop d’agave, riche en minéraux. « Des choix plus sains, plus naturels, pour donner au corps ce dont il a réellement besoin. », conclut l’organisme.

*Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement
** Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail