Arnaques sur l’étiquette : comment foodwatch change les rayons des fêtes de fin d'année

Fuente del artículo: Foodwatch /image: - / Par: l-

De son Catalogue des fêtes à sa Table de Noël des arnaques, en passant par ses Calendriers du Vent, tous les ans en décembre, foodwatch épingle des arnaques sur l’étiquette dans les rayons des supermarchés. Parés de dorures et de paillettes, les produits des fêtes cachent trop souvent du vide, des prix gonflés ou encore des additifs mauvais pour la santé : autant de magouilles que notre équipe s’attache à révéler pour remettre de la transparence au menu du réveillon. D’année en année, sous la pression de nos interpellations et de votre mobilisation, certaines de ces pratiques malhonnêtes reculent dans les rayons, d’autres résistent, mais nous ne lâchons rien ! Zoom sur certaines pratiques malhonnêtes repérées par foodwatch. 

Arnaques au prix : les profits des industriels pour les fêtes

A Noël, certains industriels en profitent-ils pour déployer un florilège de stratagèmes pour se jouer des prix ? C’est la question que notre équipe se pose chaque année devant les rayons qui ne manquent pas d’arnaques au prix. Avec ces éditions limitées plus chères que leur version classique, ces produits au prix gonflé car placés au bon endroit en rayon pour inciter à des achats réflexes, et ces autres produits victimes d’inflation masquée, c’est une fois de plus le portefeuille des consommateurs et consommatrices qui trinque, à une période où on a plus envie de se faire plaisir que de scruter chaque étiquette ou de comparer les prix de produits placés aux deux extrémités de son magasin.  

Pris sur le fait ! Placés près des saumons et autres fruits de mer des fêtes, notre équipe a trouvé un flacon de jus de citron de Sicile à base de concentré Delicemer, vendu 20€ le litre, à l’Intermarché Drapeau de Dijon. Rendez-vous aux rayons habituels des jus de citron et vous trouverez par exemple du jus 100% citron biologique vendu toute l’année plus de trois fois moins cher au litre.

Cet exemple, c’est le classique des classiques : placés à côté du foie gras ou du saumon, petits pots de confiture de figues ou d’oignon, de sel marin ou de citron, coûtent bien plus cher au kilo ou au litre que dans leur rayon habituel. Derrière le gain de temps offert aux consommateurs et consommatrices, qui n’ont donc pas besoin de changer de rayon, il y a surtout un gros profit pour l’industriel ou le distributeur, qui dégage sûrement de sacrées marges sur ces produits stars du réveillon. 

Nitrites ajoutés au menu du réveillon : pas de cadeau pour notre santé

Pour les fêtes, les nitrites ajoutés dans notre alimentation pullulent dans les rayons, additifs indésirés des foies gras, et autres produits dérivés comme dans ces macarons apéritifs Labeyrie épinglés par foodwatch en 2022 et toujours en rayon. On est d’autant plus agacé·es de les trouver dans les produits de grandes marques qui vantent leur savoir-faire et l’authenticité de leur produit, souvent vendu à gros prix, comme ce foie gras Larnaudie. 

Les nitrites et nitrates ajoutés dans notre alimentation présentent un danger pour la santé. Lorsqu’on les ingère, ils peuvent contribuer à la formation de composés cancérogènes dans notre estomac. Ce sont ces composés qui sont pointés du doigt par le Centre international de la Recherche contre le Cancer (agence des Nations Unies) et par l’ANSES, car ils favorisent l’apparition de cancer colorectal, le deuxième cancer le plus mortel après celui des poumons et celui de l’estomac.   

La bonne nouvelle, c’est que ces nitrites sont de moins en moins présents dans certains produits du réveillon : les marques de foie gras l’ont bien compris, les consommateurs et consommatrices n’en veulent pas ! La mauvaise nouvelle, c’est que malgré la mobilisation de nombreuses associations et de plus de 500 000 personnes pour demander leur interdiction, le gouvernement a pondu cette année un plan d’action phagocyté par l’industrie et les lobbies de la charcuterie, et se contente ainsi surtout de réductions sur base d’engagements volontaires des industriels. Malgré les dangers désormais reconnus et largement documentés de ces additifs, les autorités publiques n’ont pas pris de décision règlementaire pour interdire les nitrites et nitrates ajoutés. Pour foodwatch, la mobilisation continue.  

 

Huile de palme : des fêtes goût déforestation

Nombreux sont les industriels qui, jouant sur le marketing – saveurs d’antan, recettes régionales, spécialités culinaires – cachent derrière leurs étiquettes des ingrédients pas si nets. À l’instar de l’huile de palme, que l’on retrouve trop souvent dans des produits de fêtes : loin d’être traditionnelle dans nos recettes, elle se cache régulièrement dans des listes d’ingrédients et, moins chère, remplace le beurre dans la préparation des chocolats, feuilletés apéritifs et autres gâteaux de Noël.  

Le problème ? Cette huile végétale est le fruit d’une culture intensive aux conséquences désastreuses pour l’environnement, les droits humains et notre santé. Les ravages de l’huile de palme sur la forêt et la biodiversité sont largement documentés : des populations d’oiseaux et d’orangs-outangs sont au bord de l’extinction, perdant leurs lieux de vie et leurs moyens de subsistance au profit de la déforestation perpétrée pour réaliser des plantations d’huile de palme.  

Les entreprises à l’origine de ces cultures sont accusées d’accaparement des terres de populations locales, d’abus de droits sociaux et de violations des droits humains : le bilan est au rouge. Bien plus riche en acides gras saturés – qui contribuent à augmenter le mauvais cholestérol et les risques cardio-vasculaires – que d’autres huiles, l’huile de palme n'est pas l’alliée de notre santé. 

Victoire. En 2019, dans son Calendrier du Vent, foodwatch épinglait les Papillotes Authentiques au chocolat noir de Révillon Chocolatier (Savencia). Depuis, sous le coup de notre interpellation, la marque a supprimé l’huile de palme dans la recette et a ajouté une mention « sans huile de palme » sur l’emballage du produit. De plus en plus, les rayons des fêtes sont à l’image de ces papillotes : des irréductibles persistent – à l’image de ces petits feuilletés Blini, épinglés par foodwatch en 2022 et toujours en vente cette année - mais de moins en moins d’industriels ont recours à cette matière grasse pour remplacer le beurre dans les produits de Noël ! 

Plein de vide : les emballages qui ne manquent pas d’air

Pratique courante dans les rayons des fêtes, trop d’emballages de produits alimentaires sont surdimensionnés : remplis de vide inutile, ils induisent les consommateurs et consommatrices en erreur sur la réelle quantité de produit qu’ils contiennent, à l’image de ces chocolats Ferrero Rocher, épinglés par foodwatch cette année. Surtout, ils sont une aberration pour l’environnement, à l’heure de l’urgence écologique : les entreprises doivent urgemment réduire la quantité de déchets produits !

Victoire. Epinglée en 2022 sur la Table de Noël des arnaques, la bûche Signature grand chocolat de Nestlé pourrait changer. L’an dernier et cette année, nous avons échangé avec les équipes de Froneri, qui commercialise les desserts glacés de Nestlé, qui nous dit s’échiner aux tests industriels depuis un an pour mettre en rayon un nouveau packaging moins vide. On attend le résultat ! 

Si le vide permet parfois de protéger ou de mieux conserver les denrées alimentaires, nous demandons aux marques de s’engager à réduire au strict minimum l’usage et la taille des emballages. C’est encore loin d’être gagné ! 

Arnaques au visuel : le marketing sort le grand jeu

Pour Noël, dans les rayons du réveillon, il y a de quoi avoir le tournis : les emballages des produits rivalisent de paillettes, de rubans, d’étoiles et de flocons. Chaque année en décembre, notre équipe épingle des produits dont l’emballage en fait un peu trop pour vanter son contenu, quitte à s’éloigner de la réalité des ingrédients ou du processus de fabrication du produit, ce qui induit en erreur, entendez les consommateurs et consommatrices.  

Primo, ces arnaques au visuel mettent en avant des ingrédients chics et chers pour les fêtes, alors que les produits n’en contiennent bien souvent pas, ou peu. Deuxio, ces emballages font miroiter des produits régionaux ou français, tandis que leurs ingrédients viennent de l’autre bout du monde. La terrine aux Noix de Saint-Jacques à la bretonne Guyader épinglée cette année par foodwatch coche les deux cases !  

Victoires. Chez foodwatch, on s’amuse de voir qu’une fois prises la main dans le sac, les marques reconnaissent la supercherie de ces emballages un peu malhonnêtes et montrent patte blanche. En décembre 2017, notre équipe épinglait les Suprêmes au goût frais de homard de Coraya (Savencia), un produit… qui n’en contenait pas ! Depuis, son packaging et son nom ont changé pour s’appeler « Suprêmes chair de poisson sauvage saveur langouste ». À Noël 2019, dans notre Calendrier du Vent, on trouvait les Noix de la mer à poêler de Fleury Michon, dont l’emballage faisait croire à des Saint-Jacques, s’agissant en réalité de colin ! Le produit a changé de nom - Noix de colin d’Alaska à poêler – et contacté par téléphone (15/11/2023), le service consommateur a indiqué « les consommateurs ne s'y retrouvaient pas car croyaient à des noix de Saint-Jacques ».

Les arnaques sur l’étiquette : un combat plus large pour la transparence dans les rayons

Qui dit arnaques sur l’étiquette, dit manque de transparence dans les assiettes. Ce marketing peu honnête des fêtes induit un décalage entre ce que les consommateurs et consommatrices pensent acheter et ce qu’est réellement le produit une fois déballé. Pour foodwatch, ces pratiques ne sont que quelques exemples qui illustrent la capacité à agir en toute impunité d’une industrie agroalimentaire qui profite d’une période de l’année que l’on voudrait plus légère, pour faire du profit en vendant des produits qui induisent en erreur.  

Bloc Guide : avec ce guide conçu par foodwatch, menez l'enquête pour éviter les arnaques sur l’étiquette dans les rayons des fêtes ! Et parce qu'on trouve ces produits qui induisent en erreur les consommateurs et consommatrices en rayon de janvier à décembre, utilisez ce guide toute l'année ! 

Epingler et dénoncer ces arnaques sur l’étiquette, c'est bien sûr exiger que les industriels modifient leurs emballages ou leurs recettes, mais c’est aussi faire la lumière sur des pratiques que l’on veut voir disparaître, en refusant que les profits de l’industrie agroalimentaire se fassent au détriment de la santé ou du pouvoir d’achat des consommateurs et consommatrices.