Pourquoi la lutte contre la précarité alimentaire est devenue un enjeu sociétal
Fuente del artículo: 20minutes / image: iStock、Banques alimentaires / Par: Julie Polizzi
En France, plusieurs millions de personnes ne mangent pas à leur faim ou se nourrissent mal d’un point de vue quantitatif et qualitatif en raison d’un manque de moyens financiers. C’est ce qu’on appelle la précarité alimentaire, ou insécurité alimentaire.
Un fléau de société qui s’étend malheureusement comme une traînée de poudre à cause de l’inflation galopante. De quoi parle-t-on ? Quels sont les moyens de lutter ? On fait le point.
Un constat glaçant
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) réalise tous les sept ans une étude individuelle nationale des consommations alimentaires, dite étude INCA.
En 2006-2007, cette enquête estimait que 12 % des adultes vivaient dans un foyer en insécurité alimentaire pour raisons financières.
En 2014-2015, elle tablait sur 8 millions de personnes, soit 11 % à 12 % des ménages. Mais avec la flambée de l’inflation – 5,2 % en 2022 et 14 % sur les seuls produits alimentaires en janvier 2023 –, la situation s’est aggravée.
En avril 2023, un sondage Ifop mené pour l’association La Tablée des chefs et réalisé auprès de 1.007 personnes gagnant le Smic ou moins, indiquait que 9 participants sur 10 avaient renoncé à l’achat de certains produits ou supprimaient carrément un repas de la journée.
En outre, 79 % ont dû changer leurs habitudes en optant pour des produits moins chers et un sondé sur deux a diminué sa consommation de fruits et légumes.
De même, une enquête du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) publiée en mai 2023 a révélé que la précarité alimentaire était passée de 12 % à 16 % au second semestre 2022.
L’insuffisance alimentaire est à la fois quantitative (16 % des participants disent ne pas avoir assez à manger) et qualitative (45 % n’ont pas toujours accès aux aliments souhaités). « Les femmes, les plus jeunes, les personnes au chômage, et, d’une façon générale, celles aux plus faibles revenus » sont concernés, détaille le Crédoc.
L’aide alimentaire
Pour lutter contre ce fléau, les associations sont chargées de mettre en œuvre le dispositif d’aide alimentaire qui, au sens de la loi, vise à fournir des denrées aux personnes en situation de vulnérabilité économique ou sociale, assortie de la proposition d’un accompagnement.
Distribution de colis, mise en place d’épiceries solidaires, système de repas chauds ou encore maraudes sont autant de modes d’action pour répondre aux besoins.
Premier réseau de France, composé de plus de 6.000 associations et centres communaux d’action sociale (CCAS), les Banques alimentaires ont ainsi accompagné 2,4 millions de personnes en 2022, soit trois fois plus qu’il y a dix ans.
Ici, tout commence par un rendez-vous avec un assistant social de la mairie ou du CCAS afin d’examiner l’éligibilité au dispositif pour une durée donnée. Cela passe par une analyse au cas par cas des justificatifs de ressources et de dépenses fixes, du type avis d’imposition, fiches de paie, attestation CAF, factures d’eau, d’énergie, loyer, mutuelle, assurance habitation, téléphonie, transports, etc.
D’autres associations ont également monté leur propre réseau, à l’instar des biens connus Restos du cœur qui assurent une distribution de denrées dans près de 2.000 centres partout en France.
Pour bénéficier de ces paniers-repas, il faut s’inscrire chaque année et justifier là aussi de l’insuffisance de ses ressources. Cela dit, peu importe le réseau, une aide d’urgence est toujours disponible sans justificatif.
Au total, plus de 4 millions de personnes bénéficient de l’aide alimentaire selon les pouvoirs publics. Une aide essentielle mais insuffisante d’après un avis de 2022 du Conseil national de l’alimentation qui appelait à inscrire dans la loi un droit à l’alimentation.
Quid du chèque alimentaire ?
En 2020, le Président Macron avait évoqué la création d’un chèque alimentaire. Une idée repoussée, puis modifiée, avant d’être reprise par une proposition de loi visant à distribuer automatiquement un chèque de 50 € à tous les Français touchant la prime d’activité, soit 11 millions de personnes.
Un texte finalement rejeté par l’Assemblée nationale au mois d’avril. Le ministère des Solidarités a en revanche lancé un appel à projets au printemps afin de soutenir des expérimentations locales dans le cadre du nouveau programme « Mieux manger pour tous ».
L’idée est de distribuer aux personnes en difficulté des bons à destination de magasins spécifiques ou de catégories de produits particulières, en partenariat avec des producteurs et points de vente et en s’appuyant sur les réseaux d’aide alimentaire.