Quels aliments favorisent le réchauffement climatique ?

Source: GEO / image: Pixabay / Author: Charlotte Chaulin

La production de nourriture destinée à la consommation humaine génère à elle seule 37 % des émissions globales de gaz à effet de serre. Notre alimentation a donc un impact majeur sur le réchauffement climatique. Zoom sur le contenu de nos assiettes et comment le rendre plus écolo.

Les aliments d'origine animale émettent deux fois plus de gaz à effet de serre que ceux d'origine végétale. © Pixabay

Café, chocolat, vin, bière ou huîtres… nombre de petits plaisirs du quotidien sont voués à disparaître dans les prochaines décennies. En cause ? Le réchauffement climatique. Notre alimentation est l’une des principales victimes de l’accroissement des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Mais, réciproquement, notre alimentation est aussi à l’origine du changement climatique.

D’après une étude de Nature Food parue en 2021, citée par le site Futura Sciences, la production de nourriture humaine génère 37% des émissions globales de gaz à effet de serre. À titre de comparaison, le transport n’émet « que » 28% de ces émissions.

L’impact environnemental de la culture du riz

Bien qu’elle n’en concerne pas la majeure partie, l’alimentation d’origine végétale est responsable de 29% de ces émissions et doit être prise en considération. Mais attention ! Il ne faut pas blâmer le consommateur. C’est au niveau de la production que se fait l’empreinte carbone de l’alimentation.

Ainsi, l’agriculture nécessite beaucoup de terres. Le sol contient plus de carbone - gaz responsable du réchauffement climatique - que l’atmosphère et la végétation terrestre cumulées. Labourer en profondeur accélère l’émission de dioxyde de carbone. Pire, l’emploi d’engrais à base d’azote génère des émissions de protoxyde d’azote. Le potentiel de réchauffement de ce gaz est 300 fois plus élevé que le dioxyde de carbone.

La production du riz représente à elle seule 12% de toutes les émissions de gaz à effet de serre liées aux productions végétales. L’inondation des rizières génère du méthane, environ 100 millions de tonnes par an. Pour rappel, ce gaz est, à lui seul, à l’origine d’environ 30% du réchauffement de la planète depuis l’ère préindustrielle.

L’agriculture nécessite aussi beaucoup d’eau. D’après l’association SlowFood, plus de 70% des eaux utilisées en agriculture sont issues des fleuves, lacs et nappes phréatiques, ce qui rend urgente et inévitable la réduction de l’empreinte hydrique des systèmes de production. Il faut 3.400 litres d’eau pour faire pousser 1 kilo de riz. C’est colossal.

Évitons les sucreries, et pas que pour les caries

Voilà qui donnerait moins de travail aux dentistes et nutritionnistes. Le sucre n’est pas mauvais que pour notre santé, il l’est aussi pour la planète. Selon une étude de WWF, c’est même l’une des cultures les plus nocives, car elle est responsable de la destruction de la biodiversité. La culture de la canne à sucre appauvrit le sol en carbone, qui se retrouve ainsi relâché dans l’atmosphère !

Le chocolat est aussi pointé du doigt. Le cacaoyer ne pousse en effet que dans certains endroits très précis, autour des forêts équatoriales. Sa culture implique donc une déforestation ainsi que l’utilisation de beaucoup d’eau. Il faut 2.400 litres pour 100 grammes de chocolat.

Impossible de ne pas citer l’huile de palme, qu’on retrouve dans nos produits industriels sucrés préférés, qui est responsable de la déforestation à grande échelle.

Le boeuf, gros producteur de méthane

Les aliments d'origine animale émettent deux fois plus de gaz à effet de serre que ceux d'origine végétale et représentent 57% des émissions produites par l’alimentation. Le plus mauvais élève est la viande. Parmi les produits animaux, c'est le bœuf, avec 25 % du total, qui comptabilise le bilan carbone le plus désastreux en raison des rejets de méthane. Ce gaz est produit lors du processus de fermentation entérique qui se déroule pendant la digestion des vaches. Le boeuf émet deux fois plus de gaz à effet de serre que le riz.

Il nécessite aussi d'énormes surfaces pour cultiver les céréales destinées à le nourrir. Les animaux consomment généralement plus de calories qu’ils n’en produisent sous forme de viande de lait ou d’oeufs. Et ils nécessitent aussi d’énormes quantités d’eau. Pour un kilo de boeuf, il faut compter près de 15.000 litres d’eau.

Surconsommation et gaspillage

D’après une étude de l’Institut national de la recherche agronomique réalisée en 2019, les Français consomment deux fois plus de protéines animales que nécessaire. En effet, la consommation s’élève en France à 90 grammes par jour et par personne, dont 60 grammes proviennent de produits animaux. L’OMS recommande plutôt 50 à 70 grammes par jour et par personne, dont 25 à 35 grammes provenant de produits animaux. Bilan : nous mangeons trop de viande. Sans arrêter définitivement la viande, il serait plus écologique de diminuer sa consommation.

Chaque année, c’est près d’1,3 milliard de tonnes d’aliments - soit un tiers de la production alimentaire totale - qui sont jetés. Que ce soit à l’échelle du consommateur ou du producteur, le gaspillage alimentaire a des effets très négatifs sur le climat. Les experts du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) ont mis en avant qu’entre 8 et 10% des émissions de gaz à effet de serre émises par l’Homme entre 2010 et 2016 venaient du gaspillage. À l’échelle mondiale, si le gaspillage alimentaire était un pays, il serait donc le troisième plus gros pollueur du monde, derrière la Chine et les États-Unis, souligne l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Quelques recommandations des experts

Mais alors, si l’on veut éviter de participer à favoriser le réchauffement climatique, que faut-il manger ? Hé bien, quel que soit le régime alimentaire qu’on choisit d’adopter, le plus important est de regarder ce qu’il se passe au niveau de la production et privilégier les filières les moins polluantes. Les problèmes environnementaux liés à notre alimentation viennent du mode de culture industriel.

Réduire sa consommation de viande, c’est bien, mais ce qu’il faudrait, c’est que les producteurs réduisent l’usage d’engrais et de pesticides. L’empreinte carbone d’un aliment varie selon son mode de production. Par exemple, d’après une étude de la FAO réalisée en 2014, un bœuf produit en Europe de l’Ouest a une empreinte carbone moyenne 4 fois inférieure à celle d’un bœuf produit en Asie du Sud ou en Amérique latine. Les vaches élevées sur des pâturages naturels émettent moins de gaz à effet de serre que les bovins élevés sur des terres déboisées.

Selon les experts du GIEC, il faudrait diminuer l’élevage et la consommation de viande et de produits laitiers, augmenter la consommation de produits saisonniers locaux et réduire drastiquement le gaspillage.

L’avenir sauvé… par des insectes ?

D’ici 2050, la planète comptera, selon les estimations, environ 2 milliards de personnes supplémentaires. Autant de bouches à nourrir et donc des quantités toujours plus grandes d’aliments à produire.

La FAO propose une solution alternative à la viande : les insectes. Dans l’Antiquité, Grecs et Romains consommaient déjà des larves de scarabées. Et, incroyable, mais vrai, le niveau de protéines d’un kilo de sauterelles équivaut à celui d’une pièce de boeuf. La différence, notable pour le climat, est que le kilo de sauterelles nécessite très peu de besoins en eau.

Coléoptères, fourmis, sauterelles, grillons, vers, criquets et autres larves d'abeilles, nous apporteront donc notre quota de protéines avec un impact carbone moindre. Pour sauver la planète, sommes-nous prêts à devenir insectivores ?