Cancers : bientôt moins de nitrites dans la charcuterie, voici le plan du gouvernement

Fuente del artículo: actu.fr / image: © Alessio Orrù / Adobestock / Par: Timothée L'Angevin

Le ministère de l'Agriculture va réduire les nitrites, des substances cancérigènes, dans la charcuterie. Mais ce plan est jugé trop peu ambitieux par des associations.

Les nitrites sont utilisés pour limiter le développement de bactérie dans la viande (© Alessio Orrù / Adobestock)

Les nitrites augmentent le risque de cancer. C’est l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) qui avait lancé cette alerte en juillet 2022. Plusieurs mois après, le gouvernement s’engage à limiter l’usage de cet additif alimentaire dans la viande transformée et notamment dans les charcuteries.

Ces mesures sont toutefois jugées très insuffisantes par les associations de consommateurs. 

À quoi servent les nitrites ?

Ces substances sont utilisées en tant que conservateurs pour limiter le développement des bactéries pathogènes à l’origine d'infections alimentaires comme la salmonellose, la listériose ou le botulisme et prolongent ainsi la durée de vie d’un produit. Elles agissent également sur le goût et la couleur des produits : par exemple, sans ces additifs, le jambon blanc ne serait pas rose, mais gris.

Trois phases prévues

Ce lundi 27 mars 2023, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a annoncé le lancement d’un « plan d’action pour réduire l’utilisation des nitrites dans l’alimentation, à un niveau aussi bas que possible » et « allant jusqu’à leur suppression pour certains produits (jambons cuits, lardons, etc) ».

Trois phases sont prévues dans ce plan. À partir de fin avril 2023 et dans les semaines qui suivront, les doses d’additifs nitrés vont diminuer d’environ 20 % dans les jambons cuits et lardons (qui représentent 50 % des produits de charcuterie consommés en France), ainsi que dans les saucissons secs, pâtés et rillettes. Pour les saucisses fraiches, cette réduction sera supérieure à 30 %, selon le ministère. 

À moyen terme (six mois / un an), « les diminutions se situeront autour de 25 %, voire plus de 30 % pour les jambons par rapport aux teneurs maximales actuellement en vigueur ». 

Il est même prévu la suppression totale de tout additif nitré dans les saucisses à cuire à l’issue de cette période.

Ministère de l'Agriculture

Vers une suppression d’ici à cinq ans ?  

Enfin, sur du long terme (cinq ans), les autorités espèrent voir la suppression des nitrites dans la plupart des produits de la charcuterie : « Tous les instituts scientifiques pertinents seront mobilisés pour la recherche et le développement de solutions visant à tendre vers la suppression de l’utilisation » de cet additif.

Comment le gouvernement compte-t-il s’y prendre ? Et surtout, comment les industriels vont-ils pouvoir se passer des nitrites ?

Leur réduction se fera graduellement afin de s’assurer qu’elle ne se fasse pas au détriment de la sécurité sanitaire de nos aliments (...) Nous veillerons à accompagner la filière pour que nulle entreprise ne soit laissée au bord du chemin et pour que nos produits, qui font la fierté de nos terroirs, continuent de pouvoir se développer.

Marc FesneauMinistre de l'Agriculture

Le ministère n’a donné aucun détail sur cet accompagnement, qu’il soit financier ou technologique.  

« L’État ne défend pas les citoyens et fait le jeu des lobbies industriels »

Plusieurs associations, comme Foodwatch, la Ligue contre le cancer et Yuka (qui ont toutes les trois lancé une pétition qui a recueilli près de 500 000 signatures), jugent ces mesures nettement insuffisantes. « Cela fait trois ans que l’on se bat pour que la santé publique soit protégée et ce n’est pas avec une réduction des additifs que l’on y parviendra », pointe auprès d’actu.fr Karine Jacquemart, directrice de Foodwatch.

Le risque pour la santé est largement documenté, l'Anses l'a confirmé. L'État ne défend pas les citoyens et fait le jeu des lobbies industriels.

Karine Jacquemart,Directrice de Foodwatch

Les ONG demandent au gouvernement de prendre ses responsabilités et d’interdire « clairement » à moyen terme ces additifs, pour lesquels « des alternatives existent ».