Quels aliments privilégier quand on est malade ?
Fuente del artículo: National Geographic / image: GETTY IMAGES 、SCIENCE PHOTO LIBRARY / Par: BRIAN HANDWERK
Les maladies comme le rhume et la grippe ont tendance à nous couper l'appétit au moment où nous avons le plus besoin d'énergie. Voici quelques aliments à privilégier (et à éviter) pour donner un coup de pouce à votre système immunitaire.
Une soupe au poulet, un demi-pamplemousse, du riz blanc, une tisane de thym avec du citron et du miel… Lorsque l’on est malade, tout le monde a des suggestions d’aliments et boissons qui pourraient nous aider à guérir plus vite.
Certains aliments nous aident-ils vraiment à nous sentir mieux, voire à guérir ? Et si oui, pourquoi les maladies nous coupent-elles souvent l’appétit au moment où nous pensons avoir le plus besoin de faire de plein d’énergie ?
« Lorsqu’une personne malade perd l’appétit ou la soif, c’est généralement le signe que son système immunitaire fonctionne à plein régime », explique Colleen Tewksbury, diététicienne et professeure de sciences de la nutrition à l’Université de Pennsylvanie. C’est un défi, car notre corps a besoin de liquides, de protéines, de glucides, de vitamines et de minéraux. « Si vous n’avez ni faim ni soif, que vous vous sentez mal et que vous essayez de vous reposer, alors il est vraiment difficile de répondre à ces besoins de base. »
Il peut néanmoins être important d’essayer. « Une alimentation équilibrée peut accélérer votre rétablissement, augmenter votre niveau d’énergie et contribuer à renforcer votre système immunitaire », révèle Shea Mills, diététicienne nutritionniste agréée à la Mayo Clinic de Phoenix. « Dans l’ensemble, il est important d’avoir une alimentation saine et équilibrée lorsque l’on est malade. »
Dans cet article, des experts tentent d’expliquer pourquoi les maladies peuvent nous couper l’appétit, et donnent quelques conseils sur les aliments et boissons à privilégier afin de se remettre plus rapidement sur pied.
LE LIEN ENTRE MALADIE ET ALIMENTATION
Les raisons pour lesquelles il est difficile de s’alimenter lorsque l’on est malade sont complexes et encore mystérieuses.
Le système immunitaire nécessite beaucoup d’énergie pour lutter contre les infections, d’où l’intérêt de consommer des aliments sains pendant une maladie. Cependant, selon Ruslan Medzhitov, immunobiologiste à l’Université de Yale, notre organisme n’est pas optimisé pour nous permettre de nous sentir mieux, mais pour survivre, et il ne perçoit pas toujours une simple infection comme la plus grande menace à son encontre. « C’est ce qui est contre-intuitif. »
Notre organisme prend inconsciemment des décisions qui découlent de notre longue évolution et peuvent donc être incohérentes avec nos modes de vie modernes. Pendant longtemps, avant qu’il ne soit possible de se faire livrer son repas directement chez soi, pour se procurer de la nourriture en temps de maladie, nous n’avions d’autre choix que d’exposer notre corps affaibli à de potentielles rencontres avec des prédateurs. Trouver de la nourriture requérait également davantage d’énergie. Selon certains spécialistes, bien que la vie ne soit plus la même de nos jours, il est possible que des vestiges de notre évolution jouent encore un rôle dans l’affaiblissement significatif que subit notre appétit lorsque nous sommes malades.
Pour obtenir de l’énergie pendant une maladie, le corps fait également des compromis physiologiques, note Medzhitov, et les scientifiques sont encore en train d’explorer leur fonctionnement. En temps normal, l’organisme est principalement alimenté par le glucose trouvé dans la nourriture. En cas de jeûne, y compris en cas de maladie, il se met toutefois à puiser dans les acides gras, qui contiennent d’importants stocks d’énergie. Ce changement de source d’énergie peut protéger les tissus et organes corporels contre l’inflammation causée par certains agents pathogènes ; chez certaines personnes, ce processus peut toutefois ne pas avoir le résultat escompté.
Gauche: Des anticorps (en rose) attaquent des particules du virus de la grippe (en marron). Parfois, la grippe peut couper l'appétit, ce qui, selon les experts, indique que votre système immunitaire tout à plein régime. ILLUSTRATION DE JUAN GAERTNER, SCIENCE PHOTO LIBRARY
Droite: Les taches pâles sur ces globules rouges sont des particules du virus de la grippe. L'évolution a permis à notre système immunitaire de survivre, mais pas à nous sentir mieux. Selon les experts, vous pouvez cependant lui donner un coup de pouce grâce à des antioxydants comme la vitamine C.
PHOTOGRAPHIE DE NIBSC, SCIENCE PHOTO LIBRARY
Dans le cadre d’une étude réalisée en 2016, Medzhitov et ses collègues ont découvert que des souris infectées par le virus de la grippe se sentaient mieux lorsqu’elles s’alimentaient, tandis qu’à l’inverse, celles qui étaient infectées par une bactérie, la Listeria, se portaient mieux lorsqu’elles ne mangeaient pas. Les études sur les souris n’ayant qu’une pertinence limitée sur nos connaissances sur les humains, cette étude ne signifie pas que nous devrions affamer les bactéries et nourrir les virus, mais met en évidence la relation complexe entre alimentation et maladie.
En outre, comme le rappelle Tewksbury, tout le monde réagit différemment face aux maladies. « D’un point de vue physiologique, c’est une simple réaction face à une source de stress, et tout le monde réagit différemment face au stress », explique-t-elle.
ALIMENTATION ET HYDRATATION
L’organisme nécessite une gamme et une combinaison spécifiques de nutriments, de niveaux de protéines, de glucides, de vitamines, etc. Cependant, selon Medzhitov, ces préférences ne sont pas fixes : elles évoluent avec notre santé. C’est pourquoi elles ne sont pas les mêmes pendant une grossesse ou pendant une poussée de croissance ou une maladie, par exemple.
« L’évolution de ces préférences lorsque l’on est malade dépend du type de maladie, et c’est cette partie que nous ne comprenons pas bien », admet-il. « Cette question est très intéressante et complexe : quelles sont les bonnes gamme et combinaison de nutriments à consommer ? »
Pour Mills, il serait peut-être plus facile de manger des portions plus petites plus fréquemment que les mêmes repas plus copieux que nous mangeons lorsque nous nous sentons bien. En essayant d’ajouter des protéines, des glucides et un fruit ou un légume, vous pouvez maintenir un bon équilibre entre les vitamines, les minéraux et les macronutriments.
C’est de cette idée que découle la réputation de la soupe au poulet comme remède « miracle » aux maladies.
« Les soupes à base de bouillon contiennent tous ces éléments, ainsi que des vitamines, des minéraux et des électrolytes », explique Tewksbury. Les soupes chaudes et fumantes peuvent également aider à éliminer le mucus en cas d’infection des voies respiratoires supérieures. « Elles répondent à de nombreux critères. »
Mills indique que certaines vitamines et certains minéraux peuvent également être intéressants dans le cadre d’un régime alimentaire sain pour les malades. La vitamine C, que l’on trouve dans les fruits et les légumes, est un puissant antioxydant qui soutient les cellules immunitaires dans la prévention et la lutte contre les infections, et la vitamine D pourrait quant à elle renforcer les réponses immunitaires et diminuer la durée de la maladie. Les poissons gras, les champignons et la viande rouge comptent parmi les rares aliments naturellement riches en vitamine D, mais certains produits laitiers et céréales en sont également enrichis.
La diététicienne nutritionniste souligne que l’hydratation est un élément clé de la lutte contre presque toutes les maladies, pourtant, l’encourager peut s’avérer particulièrement difficile lorsque le corps perd des liquides en raison de vomissements, de diarrhées ou de transpiration.
« Pour favoriser l’hydratation, buvez des boissons décaféinées comme des tisanes, de l’eau, des jus de fruits 100 % pur jus, et d’autres liquides contenant des électrolytes à faible teneur en sucre, comme l’eau de coco ou de cactus. » Boire une boisson protéinée ou un smoothie peut également apporter des nutriments essentiels lorsque vous avez du mal à consommer des aliments solides.
S’ils sont utilisés correctement, les compléments alimentaires peuvent également aider. « Il a été démontré qu’un apport complémentaire en zinc au début de certains types d’infections des voies respiratoires supérieures réduisait l’intensité et la durée de vie de certains virus », révèle Tewksbury. Elle doit toutefois être prise assez tôt, dans les 24 heures suivant l’apparition des symptômes, et n’est pas destinée à être utilisée à long terme, car elle peut devenir nocive à fortes doses.
Demandez l’avis d’un spécialiste avant d’utiliser tout complément pour lutter contre un rhume ou d’autres maladies. « Si vous souhaitez essayer un complément nutritionnel ou médicinal pour vous aider à vous remettre d’une maladie, consultez d’abord votre médecin, votre diététicien ou un autre professionnel de santé afin de vous assurer qu’il n’interagira pas avec vos médicaments actuels, et pour déterminer la dose adaptée », prévient Mills.
ÉCOUTEZ VOTRE CORPS
Si les aliments ne guérissent pas les maladies, certains peuvent néanmoins les soulager : selon les maux dont vous souffrez, une tisane chaude ou une glace froide peuvent par exemple s’avérer particulièrement apaisantes.
Toutefois, selon les organismes, certains aliments peuvent aussi bien aider que nuire. La capsaïcine, présente en grande quantité dans les piments, peut par exemple aider à fluidifier le mucus et à ouvrir les voies respiratoires, mais peut aussi provoquer des nausées, voire augmenter la production de mucus. De même, les boissons glacées peuvent aider à soulager les maux de gorge, mais « si vous produisez beaucoup de mucus, cela peut au contraire aggraver la situation », prévient Tewksbury.
Autrement dit, « pour savoir ce qui vous fait du bien, le mieux est d’essayer par tâtonnements. Il n’y a pas de réponse toute faite ».
Medzhitov estime que, en cas de maladie, la meilleure stratégie consiste à écouter son corps et ses préférences. Le plus souvent, vos envies correspondent à ce dont votre organisme a besoin.
« Je pense qu’en règle générale, tous ces facteurs que nous essayons de comprendre sont pré-intégrés dans notre organisme », suggère Medzhitov. Lorsque vous êtes malade, votre envie ou votre dégoût envers certains types d’aliments ne sont pas aléatoires : ce sont des signaux qui découlent de millions d’années d’évolution et de sélection naturelle. « Si votre corps a besoin de vitamine C, vous aurez envie d’un aliment qui en contient, même si nous ne comprenons pas toujours les raisons de cette envie. »
Si vous êtes malade, mangez ce qui vous semble appétissant dans des portions qui vous paraissent satisfaisantes. « Je pense que c’est probablement les meilleurs indicateurs que nous puissions suivre », conclut Medzhitov.